Saison 2010-2011 : Un pied dans le crime
"Un pied dans le crime", d'Eugène Labiche
Que celui qui n'a jamais houspillé son voisin pour une haie mal taillée ou un droit de passage inutile jette sans tarder la prmière pierre. Ou, mieux encore, qu'il admire la relation qui brouille les Sieurs Gaudiband et Blancafort, deux voisins ennemis qui se sont déclarés la guerre pour des histoires de noisetiers dont le feuillage déborde, de chats aux miaulements insupportables, de statues antiques peu couvertes,... Les tracasseries quotidiennes de la petite bourgeoisie d'antan, en somme.
Des formalités qui vont pousser Monsieur Gatinais, venu de Paris pour présenter sa fille à Edgard, le neveu de son ami Gaudiband, à prêter main forte à ce dernier en supprimant le chat de son voisin. Mais, quand au coup de fusil, le chat s'écrie : "Ah ! Sapristi !", Gatinais comprend que son geste risque de lui coûter cher. Très cher. D'autant que son souhait le plus cher est de devenir juré. C'est pourquoi il décide de ne pas se démasquer. Dès lors, on parle de crime et les soupçons affluent.
La troupe se penche cette année sur un texte dont la plume date de... 1866. La dernière fois que Le P'tit Théâtre entre Nous a flirté avec le théâtre du 19ème siècle, il était question de jouer "Monsieur Chasse", de l'ami Georges Feydeau.
Retour, donc, vers un vaudeville séculaire, qui tire pour l'occasion sa force d'un délicieux mélange. "Un pied dans le crime", a en effet l'audace de parachuter une intrigue policière à l'eau de rose au beau milieu des sentiments amoureux traditionnels qui caractérisent habituellement les comédies-vaudevilles de cette époque.
De quoi inspirer la troupe du P'tit Théâtre qui, à travers la griffe de deux metteurs en scène, Yanick Collignon et Pierre Schiltz, est parvenue à moderniser, embellir et agrémenter le jeu des personnages tout en conservant l'authenticité du texte, le choix du vocabulaire et les intentions comiques d'un homme qui, avec 174 pièces à son actif, est resté l'un des plus grands auteurs de tout les temps.
Entre farce, vaudeville et comédie policière, "Un pied dans le crime" respose sur une base solide : le comique de situation. Attention, Mesdames, Messieurs, vous allez rire...
L'auteur, Eugène Labiche (1815 - 1888)
Comme l'écrit un auteur censuré au Ministre de l’Intérieur français en 1854 : “Il ne nous est permis de ridiculiser, ni les ministres de la religion, ni les fonctionnaires, ni les militaires. Il serait bien cruel de nous retirer les bourgeois...” Eugène Marin Labiche adulait ce genre de courrier. Plus encore, il en a fait son cheval de bataille dans la plupart de ses pièces. C’est d’ailleurs précisément ce qui l’a rapidement, très rapidement même, amené au rang des plus fins critiques de la petite bourgeoisie d’antan.
Critique car, même dans ses textes les plus théâtraux, Labiche n’a jamais totalement abandonné ses premières inspirations avec lesquelles il a fait ses armes dans sa fonction originelle : nouvelliste dans des petits magazines où se mêlaient déjà bourgeoisie du Second Empire, amourettes et querelles juridiques. Tiens tiens…
Et en quelques coups de plumes, Labiche se retrouve à l’aube d’une carrière qui décolle. L’auteur déclara même : « Je suis honteux de la simplicité de mon début. [....] Je n’ai eu qu’à tirer le cordon pour entrer. » Sa connaissance des milieux bourgeois, son atout majeur, lui permet de transposer sur scène le quotidien de la bourgeoisie d’autrefois avec le recul et l’ironie nécessaires que pour dresser de grandes farces. Il faut dire qu’il en est issu directement. Via son père, d’abord, un riche industriel. Par mariage, ensuite. En 1842, Labiche s’unit à Adèle Hubert, une riche héritière de 18 ans, et achète, en 1853, le château de Launoy, soit 900 hectares de terres.
Pour l’anecdote, son collaborateur et ami de toute une vie, Alphonse Leveaux, lui sera d’une grande aide durant sa carrière. Mais, apparence oblige, sous le pseudonyme d’Alphonse Jolly. Ceci afin d’éviter l’association Labiche / Leveaux.
Près de dix pièces par an jusqu’en 1859, un fauteuil à l’Académie Française , de francs succès comme « Un chapeau de paille d’Italie » (1851), « Le voyage de M. Perrichon » (1860), « La cagnotte » (1864),… Le CV de Labiche a peu d’égaux aujourd’hui. Soyons clairs, Eugène Labiche est un monstre de l’écriture comique et théâtrale. Ses textes traversent les âges. La dernière preuve en date s’est créée au Théâtre de la Criée (Marseille) où les acteurs Dominique Pinon et Philippe Torreton présentent actuellement… « Un pied dans le crime ».
Distribution / Tournée
Arquin Sébastien ...................... Monsieur Gaudiband
Da Silva Miguel ......................... Poteu et Maître Bavay
Frantzen Anaïs ......................... Julie Gatinais
Gesslott Julien .......................... Edgard Vermillon
Godard Stéphane ..................... Monsieur Gatinais
Liégeois Elise ........................... Lucette
Poncelet Marie-Noëlle .............. Marguerite et le garçon de café
Schiltz Pierre ............................ Geindard
Schmit Dominique ..................... Madame Gatinais
Mise en scène : Collignon Yanick et Schiltz Pierre
15-22-23-28-29/01/2011 : Gomery (L’Antarctique) – 063.44.56.60
18-19/02/2011 : Virton (Le Franklin) – 063.58.24.90
11-12/03/2011 : Dampicourt (Ecole communale) – 063.44.56.60- Suivi d’un concert gratuit et d’une p’tite bouffe offerte.
« J’ai toujours pensé qu’il y avait quelque chose de plus difficile à faire jouer que la première pièce... C’est la dernière. Songez au vieil auteur démonétisé... »
Eugène Labiche